Rare ouvrage de l'érudit catholique anglais Thomas White (1593-1676). Surveillés de près par l'inquisition, certains de ses textes étant même condamnés, les livres de White ne sont pas communs aujourd'hui. White cherchait à maintenir un équilibre entre la toute-puissance divine et l'autonomie de la volonté humaine, critiquant les positions qui subordonnent excessivement la liberté à la grâce. Cette recherche d'équilibre s'approchant trop de préoccupations ésotériques concernant la nature de la liberté individuelle et sa relation avec le divin, White connut un vif succès mais ses publications furent souvent mises à l'écart ou détruites. Provenance : Jean-Baptiste de Brilhac (1648-1735), prêtre et littérateur, licencié en théologie à la Sorbonne, attestée par son ex-libris manuscrit sur la page de titre. A sa mort, le livre rentra dans la bibliothèque du grand séminaire de Caen comme en témoigne le timbre institutionnel sur la page de titre. In-12, [6] f., 190 p., basane fauve, plats décorés d'un encadrement à double filet, os à nerfs orné. Sans date sur la page de titre : la date de 1652 est celle proposée par le British museum pour un exemplaire semblable conservé dans leur fonds. Bon état général, cuir légèrement usé, coiffes et coins émoussés, soulignages sur la page de titre, autres défauts mineurs. ¶ Thomas White, également connu sous le Thomas Anglus, était un philosophe et théologien anglais du XVIIe siècle. Sa pensée, inscrite dans le courant de la philosophie péripatétique, a souvent été confrontée à la fois aux idées de ses contemporains et aux doctrines plus traditionnelles de l'Église catholique, notamment en ce qui concerne le libre arbitre. Dans son ouvrage "Quaestio theologica", White aborde de manière approfondie la question du libre arbitre, en proposant une synthèse originale qui reflète à la fois son engagement envers le thomisme et son ouverture à certaines idées nouvelles de son époque. Thomas White s'appuie sur la tradition aristotélico-thomiste pour articuler sa conception du libre arbitre. Selon cette perspective, le libre arbitre est la faculté de la raison et de la volonté, permettant à l'homme de choisir entre différents actes ou fins. White reprend l'idée thomiste selon laquelle la volonté est mue par l'intellect, qui présente à la volonté les objets de désir sous l'aspect du bien. Toutefois, il introduit une nuance significative en insistant sur le rôle de la raison pratique dans la détermination des choix, soulignant ainsi une autonomie plus grande de la volonté par rapport à l'intellect. Au XVIIe siècle, la question du libre arbitre était au cœur de nombreux débats philosophiques et théologiques, notamment en raison de la montée du jansénisme, qui prônait une vision de la grâce et du libre arbitre plus restrictive. Contrairement aux jansénistes, White défendait une conception du libre arbitre qui maintenait un équilibre entre la souveraineté divine et l'autonomie humaine. Il critiquait les positions qui, à ses yeux, compromettaient la liberté humaine en la subordonnant excessivement à la grâce divine ou à la prédestination. Le contexte de l'Inquisition était un autre facteur influençant les écrits sur le libre arbitre. L'Église catholique, à travers l'Inquisition, surveillait étroitement les doctrines qui pouvaient s'écarter de l'orthodoxie, particulièrement sur des questions sensibles comme celle du libre arbitre. White, bien qu'orthodoxe dans son adhésion au catholicisme, adoptait parfois des positions qui pouvaient être perçues comme marginales ou novatrices. Cependant, il a généralement réussi à naviguer habilement entre les exigences de l'orthodoxie et la spéculation philosophique, en articulant une vision du libre arbitre qui, tout en étant enracinée dans la tradition scholastique, était suffisamment flexible pour intégrer des éléments de la philosophie moderne.