Ce masque-cagoule, à l'aspect énigmatique et impénétrable, présente une profusion ornementale tout à fait singulière. De la coiffe proéminente, constituée de longues tresses de cheveux noirs destinées à recouvrir le corps du danseur, émerge le visage, orné sur toute sa surface de coquillages cauris, à l'exception des ouvertures recouvertes de tissu rouge signifiant les yeux et la bouche. Le nombre de cornes, dressées de manière irrégulière, indique le grade de son propriétaire. Jean-Paul Notué et Louis Perrois attribuent ce type de masque, rare, à la société initiatique magico-religieuse Ku'ngang, affiliée à certaines chefferies Bamileke de l'ouest du Cameroun. Cette confrérie voue un culte à l'Être suprême, nommé Si, et intervient dans des cultes agraires par l'intermédiaire de diverses divinités des eaux et des champs. Les auteurs poursuivent en expliquant que « le pouvoir du Ku'ngang vient surtout du fait que la confrérie est un pont entre le monde des vivants et celui des morts, entre le visible et l'invisible, le monde cosmique et le monde de l'homme. » Accompagné d'une multitude d'autres accessoires rituels - sacs-fétiches, statuettes et cornes, ainsi que de grelots et de tambours, ce masque intervenait à l'occasion de la danse cérémonielle ku', réservée aux initiés.