Premier tirage. Un frontispice sur Chine appliqué, 24 planches hors-texte, de nombreux in-texte, le tout gravé sur bois d'après Tony Johannot. Très bel exemplaire, sans rousseur, parfaitement établi dans une fine reliure signée de Koehler, exécutée en demi-veau glacé rouge cerise, dos orné d'un décor romantique aux petits fers dorés. Celui-ci, cas rarissime, prit la précaution de conserver les couvertures; très décorative, de papier blanc glacé, elle est ornée d'un encadrement bleu et doré, texte imprimé en or avec vignette au centre. Belle et importante édition, en partie originale, du fameux récit des dix ans d'emprisonnement du patriote italien Silvio Pellico. Elle est augmentée de la traduction française par Latour de 12 chapitres inédits dont le texte italien ne sera publié qu'en 1932. ETAT: Reliure solide et très décorative, légers frottements d'usage aux mors. Intérieur très frais et propre, papier bien blanc. Quelques rarissimes piqûres. Rare en cette condition. La chute de l'empire napoléonien en 1815 avait vu la restauration de l'hégémonie et de l'absolutisme autrichien sur l'Italie. Jusqu'en 1830, l'opposition sera le fait d'une minorité de patriotes, aristocrates, prêtres libéraux et surtout anciens fonctionnaires et officiers de l'Empire. Groupés en sociétés secrètes, les « carbonari », animés par l'idéal du Risorgimento popularisé au siècle précédent par le dramaturge Alfieri, ils animent une série de mouvements séditieux, isolés et sans lien, tous voués à l'échec. En juillet 1820, inspirée par la révolution espagnole, une révolte éclate à Naples. La réaction autrichienne est immédiate. Dans le Royaume lombard-vénitien, sous administration directe de Vienne, les arrestations se multiplient. Soupçonné d'appartenance aux carbonari, le poète et dramaturge Silvio Pellico est arrêté à Milan le 13 octobre et emprisonné, d'a- bord à Venise, sous les plombs, puis à la forteresse du Spielberg. Condamné à mort, sa peine est commuée en 15 ans d'emprisonnement. Libéré en 1830, il rédige et publie ses mémoires, attendues avec impatience par les patriotes italiens qui entendent bien s'en servir comme arme de propagande. Surprise: au lieu d'un livre de combat, on découvre la relation d'une crise spirituelle, un récit fait de dou- ceur, de pardon, de résignation, composé, de l'aveu même de son auteur, dans un esprit tota- lement étranger à la politique. L' ancien patriote, rationaliste et athée, avait composé un traité d'édification religieuse... Malgré ou à cause de cela l'ouvrage, publié en 1832, obtint un succès considérable. La déli- catesse du récit, l'émotion qui en émane, ne pouvaient que toucher les lecteurs. Tel quel, il donna aux patriotes italiens l'auréole du martyr, et contribua puissamment à leur gagner des partisans. AUTEUR: Silvio Pellico TITRE : Mes prisons, suivies du Discours sur les devoirs des hom- mes. Traduction de M. Antoine de Latour avec des chapitres inédits, les addi- tions de Maroncelli et des notices littéraires et biographiques sur plusieurs pri- sonniers du Spielberg. Edition illustrée par Tony Johannot de cent beaux des- sins gravés sur bois par les premiers artistes. Paris Charpentier 1843. in -8 de 26.8 x 18cm ; XXI, 374 pp + 25 pl h-t. Demi-veau glacé rouge cerise, dos a 4 nerfs filetés or, entrenerfs ornés d'un joli encadrement de petits fers dorés, tranches mouchetées, les deux plats de la couverture conservés sans le dos. (Koehler).