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Leonor Fini (1907-1996) - La jeune femme aux yeux clos
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Leonor Fini (1907-1996) - La jeune femme aux yeux clos

Technique mixte représentant une jeune femme aux yeux clos signée Leonor FINI (1907-1996) Leonor Fini, pseudonyme d’Eleonor Fini, née à Buenos Aires (Argentine) le 30 août 1908 (ou 1907 pour quelques sources) et morte à Aubervilliers le 18 janvier 1996, est une artiste peintre surréaliste, graveuse, lithographe, décoratrice de théâtre et écrivaine française d'origine italienne. Biographie Enfance austro-hongroise et jeunesse italienne Eleonor Fini naît du mariage d'Herminio Fini, riche homme d'affaires argentin, et de Malvina Braun, native de Trieste. La mésentente conjugale fait que, dix-huit mois après la naissance de l'enfant, sa mère Malvina, fuyant la vaste demeure de Buenos Aires, située sur une île dont Herminio Fini est propriétaire et emmenant sa fille, revient à Trieste, alors toujours située dans l'Empire austro-hongrois (la ville deviendra italienne en 1921)1. Eleonor Fini — les siens l'appellent « Lolò » — passe de la sorte son enfance (les tentatives de kidnappings répétées sans succès par son père afin de la ramener en Argentine contraignent à ce qu'on la travestisse en garçon pendant des années) et son adolescence auprès de sa mère et de sa famille maternelle. Dans un milieu bourgeois très cultivé, elle est « enfant chouchoutée, mais impossible, renvoyée des écoles et se nourrissant des trésors de la bibliothèque familiale »2 : son oncle Ernest Braun, restitue Valentina Zacca, « peut être considéré comme le pygmalion de son éducation artistique. Homme de grande culture, il détient un nombre de livres tellement grand qu'il construit dans sa maison une vraie bibliothèque où Eleonor goûte la philosophie du déguisement et l'ivresse du devenir et de l'apparence prêchée par Friedrich Nietzsche »3. Umberto Saba. Les influences viennoises et italiennes se télescopent à Trieste et elle acquiert de la sorte une culture cosmopolite, baigne dans les cercles littéraires et intellectuels d'avant-garde propres à la ville et empreints de la pensée de Sigmund Freud, fréquente ainsi Gillo Dorfles, Umberto Saba, Italo Svevo et Roberto Bazlen4,5, s'intéressant également aux « visions écorchées de Max Klinger ou de Gustav Klimt »2. Rejetant les études juridiques auxquelles sa famille la destinait, elle commence à peindre à l'âge de quinze ans, suit également pendant une courte période des cours d'art dramatique. C'est dans son enfance6,7 que Leonor Fini puise les racines de sa personnalité en évoquant elle-même : « encore enfant, d'un jour à l'autre, j'ai découvert l'attrait des masques et des costumes. Se costumer, c'est l'instrument pour avoir la sensation d'un changement de dimension, d'espèce, d'espace. Se costumer, se travestir est un acte de créativité. Et cela s'applique à soi-même qui devient d'autres personnages ou son propre personnage. Il s'agit de s'inventer, d'être mué, d'être apparemment aussi changeant et multiple qu'on peut se sentir à l'intérieur de soi. C'est l'extériorisation en excès de fantasmes qu'on porte en soi, c'est une expression créatrice à l'état brut »8. La Chevauchée des Amazones, mosaïque d'Achille Funi et Leonor Fini. Généralement dite autodidacte, Nadia Pastorcich la restitue cependant comme introduite fort jeune dans le monde des artistes de Trieste, la disant élève d'Edmondo Passauro (1893-1969) et citant parmi ses tout premiers tableaux ses portraits des peintres Carlo Sbisà (1899-1964) et Arturo Nathan (it) (1891-1944)9. Elle quitte sa famille à 17 ans pour s'installer à Milan où se tient sa première exposition personnelle en 1929, révélant une peinture « s'astreignant à la discipline austère de l'art gothique et de la Renaissance italienne »10, s'orientant ainsi vers le classicisme et la peinture tonale, à l'exemple de Carlo Carrà. Elle travaille avec Achille Funi à la mosaïque La Chevauchée des Amazones qui sera présentée en 1933 à la 5e Triennale se tenant au palazzo dell'Arte de Milan11. À la rencontre des surréalistes Filippo De Pisis. Pour rejoindre le prince Lorenzo Lanza del Vasto, frère de Giuseppe (auteur du Pèlerinage aux sources), rencontré à Milan et dont elle est tombée amoureuse, Leonor Fini quitte en 1931 l'Italie pour Paris par le même train que Filippo De Pisis qui va l'introduire dans les salons de Robert de Montesquiou et d'Anna de Noailles et la mettre en relations avec Jules Supervielle, Giorgio de Chirico, Max Jacob, André Breton et les surréalistes12. Elle ne partage que brièvement la vie de Lorenzo Lanza del Vasto, s'en séparant au printemps 1932 pour André Pieyre de Mandiargues chez qui elle s'installe, dans un premier temps au 37, boulevard Saint-Germain où vit également Henri Cartier-Bresson, ami d'enfance de Mandiargues. Tous les trois visitent l'Italie du Nord lors de l'été 1932 et en 193313 : elle pose pour le Nu dont on ne voit pas le visage, photographié dans la mer par Cartier-Bresson en 1932, tandis que sur une autre photographie de Cartier-Bresson, en 1933, André Pieyre de Mandiargues, de dos, semble s'accoupler avec elle — dont on ne voit toujours pas le visage — dans la Méditerranée14,15. L'hôtel de Marle, rue Payenne à Paris, où Leonor Fini s'installe en 1935. La première exposition personnelle à Paris de Leonor Fini se tient en novembre-décembre 1932 à la galerie Bonjean qu'à Paris dirige Christian Dior, l'œuvre maîtresse y étant Le Travesti à l'oiseau, portrait d'André Pieyre de Mandiargues avec qui, en 1935, elle s'installe à l'hôtel de Marle situé au 11, rue Payenne13. Il fait une rencontre éphémère à Paris avec l'artiste italien16 Fabrizio Clerici, à la fin des années 1930, rue de la Boétie, 34 à la galerie Jacques Bonjean, fondée par leur ami commun Christian Dior. Bonjean, fondée par leur ami commun Christian Dior. Dior avait été Dior avait été présenté à Clerici par le collectionneur Jacques-Paul Bonjean, qui l'avait également présenté à Fini. Le collectionneur Jacques-Paul Bonjean l'a également présenté à Fini ; avec elle, ils se sont retrouvés à Milan puis à Rome. S'inspirant des théories surréalistes, elle expérimente les « dessins automatiques et métamorphiques ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Victor Brauner, Man Ray, Paul Éluard et Max Ernst — avec qui elle connaît une liaison amoureuse17 — sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, pour les réunions ni les manifestes, ce qui lui vaut l'inimitié d'André Breton18. Si elle expose ces dessins avec les surréalistes à la galerie Les Quatre chemins à Paris et aux New Burlington Galleries à Londres, elle va explorer en solitaire un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos — des femmes le plus souvent — ou des jeunes gens androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices, évoluant ou rêvant dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté19. Chez elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine. Les années de guerre Leonor Fini en 1936. La première exposition américaine personnelle de Leonor Fini a lieu en février-mars 1939 dans la même Julien Levy Gallery de New York qui, en 1936 lors du premier voyage de l'artiste aux États-Unis, l'accueillait pour une exposition partagée avec Max Ernst20. La Seconde Guerre mondiale la fait s'éloigner de Paris : elle passe une partie de l'été 1939 avec Max Ernst et Leonora Carrington dans leur maison de Saint-Martin-d'Ardèche, vit ensuite quelques mois à Arcachon avec André Pieyre de Mandiargues. Ils y côtoient Salvador Dalí et son épouse Gala, puis elle s'établit à Monte-Carlo en 1940, commençant à y peindre les portraits qui vont pendant plus de vingt ans constituer une part importante de son œuvre, avec ceux notamment de Jacques Audiberti, Jean Genet, Anna Magnani, Valentina Cortese, Enrico Colombotto Rosso (it), Mona von Bismarck, Maria Félix, Maria Casarès, Suzanne Flon, Alida Valli, Margot Fonteyn, Silvia Monfort, Meret Oppenheim, Eddy Brofferio, Jean Schlumberger, Marcel Jouhandeau, Jacques Dufilho, Roger Peyrefitte, Hector Bianciotti, Klaus Mann, Alberto Moravia, Luchino Visconti18. Sur une piste de danse de Monte-Carlo, elle fait la connaissance du diplomate italien Stanislao Lepri (1905-1980) qui devient immédiatement son compagnon, qu'elle peindra et avec qui elle part s'installer à Rome21, s'y insérant dans l'entourage d'Elsa Morante, Alberto Moravia, Federico Fellini et l'assistant de ce dernier, Pier Paolo Pasolini. Les premières contributions bibliophiliques de Leonor Fini datent de cette période monégasque et romaine, de même que ses toutes premières créations de décors et de costumes sont destinées à quatre pièces produites au Teatro Quirino de Rome. Elle ne cessera d'explorer ces deux univers que sont l'estampe d'une part, le théâtre, le ballet et l'opéra d'autre part, après la Libération et son retour à Paris. L'ascension De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques vont lui consacrer des monographies, essais, préfaces d'expositions ou poèmes dont Jean Cocteau, Giorgio De Chirico, Paul Éluard, Max Ernst, Alberto Moravia… Quoique de façon parfois critique, des écrivains ou des peintres comme Ivan Chtcheglov, Roger Langlais ou Jacques Moreau dit Le Maréchal s'intéressent à certaines de ses œuvres, notamment ses paysages fantastiques. Stanislao Lepri, qu'elle encourage à peindre, la rejoint à Paris en 1950. Roger Peyrefitte restitue sa rencontre en 1951 avec l'écrivain polonais Constantin Jelenski en se revendiquant comme en étant à l'origine : « c'est moi qui ai été, sans le vouloir, l'artisan de cette rencontre. J'avais connu ce garçon à Rome puis, toujours à Rome, je l'ai présenté à Leonor et les voilà unis pour la vie »22. Le palais Labia à Venise, théâtre du « bal du siècle ». Leonor Fini séjourne souvent retirée du monde, mais non sans festivités : les grands bals costumés des années 1946-1953, où ses apparitions « en hibou royal, en félin gris ou en reine des enfers » sont spectaculaires, font d'elles une personnalité médiatique, lui valant entre autres en décembre 1948 la couverture du magazine américain This Week où elle est photographiée portant un masque de hibou17. On relève son nom le 3 septembre 1951, à côté de ceux de Jean Cocteau, Christian Dior, Orson Welles, Salvador et Gala Dalí, Barbara Hutton, Alexis de Redé, de l'Aga Khan et du marquis de Cuevas, parmi les 1 500 invités de Charles de Beistegui au mythique « Bal du siècle » du palais Labia de Venise23. Elle s'en explique : « se costumer, se travestir est un acte de créativité. Et cela s'applique à soi-même qui devient d'autres personnages ou son propre personnage. Il s'agit de s'inventer, d'être mué, d'être apparemment aussi changeant et multiple qu'on peut se sentir à l'intérieur de soi. C'est l'extériorisation en excès de fantasmes qu'on porte en soi, c'est une expression créatrice à l'état brut »24. Nonza, le couvent Saint-François. Elle se réfugie cependant dans ses maisons de Seine-et-Marne (au 97, grande rue à Villevaudé), de Corse (au couvent Saint-François près de Nonza qu'elle découvrira en 1956, où elle s'installe et où elle revient ensuite peindre chaque été25), du Loir-et-Cher (la propriété de Saint-Dyé-sur-Loire dont elle fera l'acquisition en 1972), étant également reçue chez Lise Deharme à Montfort-en-Chalosse. Au couvent San Francescu, elle appréciait ce lieu éloigné de tout, en proie aux tempêtes, sans électricité ni eau courant. L'artiste invitait de nombreux amis italiens et français pour de nombreuses fêtes et célébrations morbides. En effet, elle se réservait le droit de poser nue sur les autels ou encore entourée de crânes humains récupérés dans les sépultures26. S'installant au 8, rue La Vrillière en 196027, elle partagera sa vie et son atelier avec Stanislao Lepri et Constantin Jelenski, dans une relation à trois qui demeurera toute leur vie durant. Leonor Fini peint alors beaucoup, une large part de chacune de ses journées la trouvant devant son chevalet, pour paradoxalement ne présenter chaque année au public qu'un très petit nombre de toiles, en même temps qu'elle s'investit fortement dans la bibliophilie par la gravure et la lithographie. De 1950 à 1995, on segmente sa création picturale en différents thèmes ou périodes : Les gardiennes et L'époque minérale (1950-1960), Les grands chapeaux de clarté, Les trains, Les belles dames sans merci (1960-1970), Les jeux de vertige et Les cérémonies (1970-1980), la période dite « nocturne », Les fables, Les passagers et Les somnambules (1980-1995)18. Mais elle voue également une adoration aux chats et ce n'est pas sans lyrisme qu'elle se confie sur leur présence permanente dans sa vie : « comme ces statues baroques qui représentent le fleuve égyptien envahi de putti, ses confluents, j'ai le privilège, dès que je m'allonge, de devenir le Nil des chats »28. Elle exécute ainsi de nombreux tableaux, dessins, aquarelles et estampes en hommage aux chats, publiant même en 1977 un livre entièrement consacré à sa passion pour les félidés, Miroir des chats, où elle confirme : « je peins les visages des chats comme ceux des humains, sans les ennuyer en les faisant poser. Et ce sont eux ma forme préférée »29,30,31. Jacques Busse et Christophe Dorny, analysant l'ensemble de l'œuvre, voient à le rattacher incontestablement et intégralement au surréalisme, à l'encontre du désaveu de celui-ci par l'artiste : « quoi ou qui qu'elle peigne, c'est toujours le reflet du plus profond d'elle-même qu'elle y guette, avide et anxieuse de cette interrogation du miroir qui la traque quand elle croit le fuir », Leonor Fini elle-même confiant pour sa part que « l'important, c'est la perte de conscience, le naufrage heureux de soi. Le va-et-vient d'une balançoire commence par l'euphorie et le rire pour devenir absence et vertige, d'où la difficulté de l'arrêter : l'attraction du vide »32. Dans ses dernières années, elle est restée très proche de ses amis artistes ; l'un de ceux qui sont restés proches d'elle à partir de 1979 est l'artiste italien33 Eros Renzetti, qui la fréquentait assidûment avec Fabrizio Clerici. Leonor Fini meurt le 18 janvier 1996 dans un hôpital de la banlieue parisienne34,35, sans jamais avoir cessé de peindre et d'écrire20, faisant la demande ultime à ses héritiers de ne vendre son appartement qu'après la mort du dernier de ses 17 chats : « après elle, ils coulèrent une existence paisible dans le décor où ils avaient été heureux en compagnie de celle qui sut si bien les immortaliser »36. Dans son article nécrologique, The Times évoque alors « sa beauté physique, son art érotique et ses légions d’amoureux dont les noms se lisent comme un appel des talents littéraires et artistiques de cette brillante époque »37. Elle repose avec Stanislao Lepri et Constantin Jelenski au cimetière de Saint-Dyé-sur-Loire38. Postérité Saisies par les grands photographes, de Henri Cartier-Bresson à Cecil Beaton, les images qui demeurent de l'artiste la restituent, dans son quotidien, perpétuellement costumée, déguisée. On lit sous sa plume : « on me dit : vous auriez dû être actrice. Non. Pour moi, seule l'inévitable théâtralité de la vie m'intéresse »24. Pour Valentine Vacca, « le seul et unique intérêt de Leonor Fini fut donc la théâtralité de la vie, réputée selon elle inévitable et pour ce motif orchestrée dans le cours de sa continue spectacularisation du soi »3. « Mutante, elle aura joué avec les genres, du féminin au masculin, de la femme au félin, de l'humain au végétal. Autant de marques distinctives qui ont donné l'adjectif de finien »39. Un catalogue raisonné des oeuvres de l'artiste est en cours de création par Richard Overstreet Depuis quelques années a lieu la redécouverte progressive de l'oeuvre de Leonor Fini. De ce fait, les dessins et toiles de l'artistes connaissent un vif succès aux ventes aux enchères. Son huile sur toile, Autoportrait au scorpion, daté de 1938 a été adjugé en 2021 à 980 000 $, pour une estimation fixée entre 400 000 et 600 000 $. Ainsi, l'artiste suscite l'intérêt de tous, collectionneurs et institutions culturelles40. Dimensions: sans cadre : 30 cm x 40 cm avec cadre 50 cm x 60 cm Elle est signée en bas à droite et doit dater de dater des années 1950-1960. Présentée sous verre #greatwomen24

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Leonor Fini (1907-1996) - La jeune femme aux yeux clos

Leonor Fini (1907-1996) - La jeune femme aux yeux clos

Technique mixte représentant une jeune femme aux yeux clos signée

Leonor FINI (1907-1996)

Leonor Fini, pseudonyme d’Eleonor Fini, née à Buenos Aires (Argentine) le 30 août 1908 (ou 1907 pour quelques sources) et morte à Aubervilliers le 18 janvier 1996, est une artiste peintre surréaliste, graveuse, lithographe, décoratrice de théâtre et écrivaine française d'origine italienne.

Biographie
Enfance austro-hongroise et jeunesse italienne
Eleonor Fini naît du mariage d'Herminio Fini, riche homme d'affaires argentin, et de Malvina Braun, native de Trieste. La mésentente conjugale fait que, dix-huit mois après la naissance de l'enfant, sa mère Malvina, fuyant la vaste demeure de Buenos Aires, située sur une île dont Herminio Fini est propriétaire et emmenant sa fille, revient à Trieste, alors toujours située dans l'Empire austro-hongrois (la ville deviendra italienne en 1921)1. Eleonor Fini — les siens l'appellent « Lolò » — passe de la sorte son enfance (les tentatives de kidnappings répétées sans succès par son père afin de la ramener en Argentine contraignent à ce qu'on la travestisse en garçon pendant des années) et son adolescence auprès de sa mère et de sa famille maternelle.

Dans un milieu bourgeois très cultivé, elle est « enfant chouchoutée, mais impossible, renvoyée des écoles et se nourrissant des trésors de la bibliothèque familiale »2 : son oncle Ernest Braun, restitue Valentina Zacca, « peut être considéré comme le pygmalion de son éducation artistique. Homme de grande culture, il détient un nombre de livres tellement grand qu'il construit dans sa maison une vraie bibliothèque où Eleonor goûte la philosophie du déguisement et l'ivresse du devenir et de l'apparence prêchée par Friedrich Nietzsche »3.


Umberto Saba.
Les influences viennoises et italiennes se télescopent à Trieste et elle acquiert de la sorte une culture cosmopolite, baigne dans les cercles littéraires et intellectuels d'avant-garde propres à la ville et empreints de la pensée de Sigmund Freud, fréquente ainsi Gillo Dorfles, Umberto Saba, Italo Svevo et Roberto Bazlen4,5, s'intéressant également aux « visions écorchées de Max Klinger ou de Gustav Klimt »2. Rejetant les études juridiques auxquelles sa famille la destinait, elle commence à peindre à l'âge de quinze ans, suit également pendant une courte période des cours d'art dramatique.

C'est dans son enfance6,7 que Leonor Fini puise les racines de sa personnalité en évoquant elle-même : « encore enfant, d'un jour à l'autre, j'ai découvert l'attrait des masques et des costumes. Se costumer, c'est l'instrument pour avoir la sensation d'un changement de dimension, d'espèce, d'espace. Se costumer, se travestir est un acte de créativité. Et cela s'applique à soi-même qui devient d'autres personnages ou son propre personnage. Il s'agit de s'inventer, d'être mué, d'être apparemment aussi changeant et multiple qu'on peut se sentir à l'intérieur de soi. C'est l'extériorisation en excès de fantasmes qu'on porte en soi, c'est une expression créatrice à l'état brut »8.


La Chevauchée des Amazones, mosaïque d'Achille Funi et Leonor Fini.
Généralement dite autodidacte, Nadia Pastorcich la restitue cependant comme introduite fort jeune dans le monde des artistes de Trieste, la disant élève d'Edmondo Passauro (1893-1969) et citant parmi ses tout premiers tableaux ses portraits des peintres Carlo Sbisà (1899-1964) et Arturo Nathan (it) (1891-1944)9.

Elle quitte sa famille à 17 ans pour s'installer à Milan où se tient sa première exposition personnelle en 1929, révélant une peinture « s'astreignant à la discipline austère de l'art gothique et de la Renaissance italienne »10, s'orientant ainsi vers le classicisme et la peinture tonale, à l'exemple de Carlo Carrà. Elle travaille avec Achille Funi à la mosaïque La Chevauchée des Amazones qui sera présentée en 1933 à la 5e Triennale se tenant au palazzo dell'Arte de Milan11.

À la rencontre des surréalistes

Filippo De Pisis.
Pour rejoindre le prince Lorenzo Lanza del Vasto, frère de Giuseppe (auteur du Pèlerinage aux sources), rencontré à Milan et dont elle est tombée amoureuse, Leonor Fini quitte en 1931 l'Italie pour Paris par le même train que Filippo De Pisis qui va l'introduire dans les salons de Robert de Montesquiou et d'Anna de Noailles et la mettre en relations avec Jules Supervielle, Giorgio de Chirico, Max Jacob, André Breton et les surréalistes12. Elle ne partage que brièvement la vie de Lorenzo Lanza del Vasto, s'en séparant au printemps 1932 pour André Pieyre de Mandiargues chez qui elle s'installe, dans un premier temps au 37, boulevard Saint-Germain où vit également Henri Cartier-Bresson, ami d'enfance de Mandiargues. Tous les trois visitent l'Italie du Nord lors de l'été 1932 et en 193313 : elle pose pour le Nu dont on ne voit pas le visage, photographié dans la mer par Cartier-Bresson en 1932, tandis que sur une autre photographie de Cartier-Bresson, en 1933, André Pieyre de Mandiargues, de dos, semble s'accoupler avec elle — dont on ne voit toujours pas le visage — dans la Méditerranée14,15.


L'hôtel de Marle, rue Payenne à Paris, où Leonor Fini s'installe en 1935.
La première exposition personnelle à Paris de Leonor Fini se tient en novembre-décembre 1932 à la galerie Bonjean qu'à Paris dirige Christian Dior, l'œuvre maîtresse y étant Le Travesti à l'oiseau, portrait d'André Pieyre de Mandiargues avec qui, en 1935, elle s'installe à l'hôtel de Marle situé au 11, rue Payenne13. Il fait une rencontre éphémère à Paris avec l'artiste italien16 Fabrizio Clerici, à la fin des années 1930, rue de la Boétie, 34 à la galerie Jacques Bonjean, fondée par leur ami commun Christian Dior. Bonjean, fondée par leur ami commun Christian Dior. Dior avait été Dior avait été présenté à Clerici par le collectionneur Jacques-Paul Bonjean, qui l'avait également présenté à Fini. Le collectionneur Jacques-Paul Bonjean l'a également présenté à Fini ; avec elle, ils se sont retrouvés à Milan puis à Rome.

S'inspirant des théories surréalistes, elle expérimente les « dessins automatiques et métamorphiques ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Victor Brauner, Man Ray, Paul Éluard et Max Ernst — avec qui elle connaît une liaison amoureuse17 — sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, pour les réunions ni les manifestes, ce qui lui vaut l'inimitié d'André Breton18. Si elle expose ces dessins avec les surréalistes à la galerie Les Quatre chemins à Paris et aux New Burlington Galleries à Londres, elle va explorer en solitaire un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos — des femmes le plus souvent — ou des jeunes gens androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices, évoluant ou rêvant dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté19. Chez elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine.

Les années de guerre

Leonor Fini en 1936.
La première exposition américaine personnelle de Leonor Fini a lieu en février-mars 1939 dans la même Julien Levy Gallery de New York qui, en 1936 lors du premier voyage de l'artiste aux États-Unis, l'accueillait pour une exposition partagée avec Max Ernst20.

La Seconde Guerre mondiale la fait s'éloigner de Paris : elle passe une partie de l'été 1939 avec Max Ernst et Leonora Carrington dans leur maison de Saint-Martin-d'Ardèche, vit ensuite quelques mois à Arcachon avec André Pieyre de Mandiargues. Ils y côtoient Salvador Dalí et son épouse Gala, puis elle s'établit à Monte-Carlo en 1940, commençant à y peindre les portraits qui vont pendant plus de vingt ans constituer une part importante de son œuvre, avec ceux notamment de Jacques Audiberti, Jean Genet, Anna Magnani, Valentina Cortese, Enrico Colombotto Rosso (it), Mona von Bismarck, Maria Félix, Maria Casarès, Suzanne Flon, Alida Valli, Margot Fonteyn, Silvia Monfort, Meret Oppenheim, Eddy Brofferio, Jean Schlumberger, Marcel Jouhandeau, Jacques Dufilho, Roger Peyrefitte, Hector Bianciotti, Klaus Mann, Alberto Moravia, Luchino Visconti18. Sur une piste de danse de Monte-Carlo, elle fait la connaissance du diplomate italien Stanislao Lepri (1905-1980) qui devient immédiatement son compagnon, qu'elle peindra et avec qui elle part s'installer à Rome21, s'y insérant dans l'entourage d'Elsa Morante, Alberto Moravia, Federico Fellini et l'assistant de ce dernier, Pier Paolo Pasolini.

Les premières contributions bibliophiliques de Leonor Fini datent de cette période monégasque et romaine, de même que ses toutes premières créations de décors et de costumes sont destinées à quatre pièces produites au Teatro Quirino de Rome. Elle ne cessera d'explorer ces deux univers que sont l'estampe d'une part, le théâtre, le ballet et l'opéra d'autre part, après la Libération et son retour à Paris.

L'ascension
De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques vont lui consacrer des monographies, essais, préfaces d'expositions ou poèmes dont Jean Cocteau, Giorgio De Chirico, Paul Éluard, Max Ernst, Alberto Moravia… Quoique de façon parfois critique, des écrivains ou des peintres comme Ivan Chtcheglov, Roger Langlais ou Jacques Moreau dit Le Maréchal s'intéressent à certaines de ses œuvres, notamment ses paysages fantastiques. Stanislao Lepri, qu'elle encourage à peindre, la rejoint à Paris en 1950. Roger Peyrefitte restitue sa rencontre en 1951 avec l'écrivain polonais Constantin Jelenski en se revendiquant comme en étant à l'origine : « c'est moi qui ai été, sans le vouloir, l'artisan de cette rencontre. J'avais connu ce garçon à Rome puis, toujours à Rome, je l'ai présenté à Leonor et les voilà unis pour la vie »22.


Le palais Labia à Venise, théâtre du « bal du siècle ».
Leonor Fini séjourne souvent retirée du monde, mais non sans festivités : les grands bals costumés des années 1946-1953, où ses apparitions « en hibou royal, en félin gris ou en reine des enfers » sont spectaculaires, font d'elles une personnalité médiatique, lui valant entre autres en décembre 1948 la couverture du magazine américain This Week où elle est photographiée portant un masque de hibou17. On relève son nom le 3 septembre 1951, à côté de ceux de Jean Cocteau, Christian Dior, Orson Welles, Salvador et Gala Dalí, Barbara Hutton, Alexis de Redé, de l'Aga Khan et du marquis de Cuevas, parmi les 1 500 invités de Charles de Beistegui au mythique « Bal du siècle » du palais Labia de Venise23. Elle s'en explique : « se costumer, se travestir est un acte de créativité. Et cela s'applique à soi-même qui devient d'autres personnages ou son propre personnage. Il s'agit de s'inventer, d'être mué, d'être apparemment aussi changeant et multiple qu'on peut se sentir à l'intérieur de soi. C'est l'extériorisation en excès de fantasmes qu'on porte en soi, c'est une expression créatrice à l'état brut »24.


Nonza, le couvent Saint-François.
Elle se réfugie cependant dans ses maisons de Seine-et-Marne (au 97, grande rue à Villevaudé), de Corse (au couvent Saint-François près de Nonza qu'elle découvrira en 1956, où elle s'installe et où elle revient ensuite peindre chaque été25), du Loir-et-Cher (la propriété de Saint-Dyé-sur-Loire dont elle fera l'acquisition en 1972), étant également reçue chez Lise Deharme à Montfort-en-Chalosse.

Au couvent San Francescu, elle appréciait ce lieu éloigné de tout, en proie aux tempêtes, sans électricité ni eau courant. L'artiste invitait de nombreux amis italiens et français pour de nombreuses fêtes et célébrations morbides. En effet, elle se réservait le droit de poser nue sur les autels ou encore entourée de crânes humains récupérés dans les sépultures26.

S'installant au 8, rue La Vrillière en 196027, elle partagera sa vie et son atelier avec Stanislao Lepri et Constantin Jelenski, dans une relation à trois qui demeurera toute leur vie durant.

Leonor Fini peint alors beaucoup, une large part de chacune de ses journées la trouvant devant son chevalet, pour paradoxalement ne présenter chaque année au public qu'un très petit nombre de toiles, en même temps qu'elle s'investit fortement dans la bibliophilie par la gravure et la lithographie. De 1950 à 1995, on segmente sa création picturale en différents thèmes ou périodes : Les gardiennes et L'époque minérale (1950-1960), Les grands chapeaux de clarté, Les trains, Les belles dames sans merci (1960-1970), Les jeux de vertige et Les cérémonies (1970-1980), la période dite « nocturne », Les fables, Les passagers et Les somnambules (1980-1995)18. Mais elle voue également une adoration aux chats et ce n'est pas sans lyrisme qu'elle se confie sur leur présence permanente dans sa vie : « comme ces statues baroques qui représentent le fleuve égyptien envahi de putti, ses confluents, j'ai le privilège, dès que je m'allonge, de devenir le Nil des chats »28. Elle exécute ainsi de nombreux tableaux, dessins, aquarelles et estampes en hommage aux chats, publiant même en 1977 un livre entièrement consacré à sa passion pour les félidés, Miroir des chats, où elle confirme : « je peins les visages des chats comme ceux des humains, sans les ennuyer en les faisant poser. Et ce sont eux ma forme préférée »29,30,31.

Jacques Busse et Christophe Dorny, analysant l'ensemble de l'œuvre, voient à le rattacher incontestablement et intégralement au surréalisme, à l'encontre du désaveu de celui-ci par l'artiste : « quoi ou qui qu'elle peigne, c'est toujours le reflet du plus profond d'elle-même qu'elle y guette, avide et anxieuse de cette interrogation du miroir qui la traque quand elle croit le fuir », Leonor Fini elle-même confiant pour sa part que « l'important, c'est la perte de conscience, le naufrage heureux de soi. Le va-et-vient d'une balançoire commence par l'euphorie et le rire pour devenir absence et vertige, d'où la difficulté de l'arrêter : l'attraction du vide »32. Dans ses dernières années, elle est restée très proche de ses amis artistes ; l'un de ceux qui sont restés proches d'elle à partir de 1979 est l'artiste italien33 Eros Renzetti, qui la fréquentait assidûment avec Fabrizio Clerici.

Leonor Fini meurt le 18 janvier 1996 dans un hôpital de la banlieue parisienne34,35, sans jamais avoir cessé de peindre et d'écrire20, faisant la demande ultime à ses héritiers de ne vendre son appartement qu'après la mort du dernier de ses 17 chats : « après elle, ils coulèrent une existence paisible dans le décor où ils avaient été heureux en compagnie de celle qui sut si bien les immortaliser »36. Dans son article nécrologique, The Times évoque alors « sa beauté physique, son art érotique et ses légions d’amoureux dont les noms se lisent comme un appel des talents littéraires et artistiques de cette brillante époque »37. Elle repose avec Stanislao Lepri et Constantin Jelenski au cimetière de Saint-Dyé-sur-Loire38.

Postérité
Saisies par les grands photographes, de Henri Cartier-Bresson à Cecil Beaton, les images qui demeurent de l'artiste la restituent, dans son quotidien, perpétuellement costumée, déguisée. On lit sous sa plume : « on me dit : vous auriez dû être actrice. Non. Pour moi, seule l'inévitable théâtralité de la vie m'intéresse »24. Pour Valentine Vacca, « le seul et unique intérêt de Leonor Fini fut donc la théâtralité de la vie, réputée selon elle inévitable et pour ce motif orchestrée dans le cours de sa continue spectacularisation du soi »3.

« Mutante, elle aura joué avec les genres, du féminin au masculin, de la femme au félin, de l'humain au végétal. Autant de marques distinctives qui ont donné l'adjectif de finien »39.

Un catalogue raisonné des oeuvres de l'artiste est en cours de création par Richard Overstreet

Depuis quelques années a lieu la redécouverte progressive de l'oeuvre de Leonor Fini. De ce fait, les dessins et toiles de l'artistes connaissent un vif succès aux ventes aux enchères. Son huile sur toile, Autoportrait au scorpion, daté de 1938 a été adjugé en 2021 à 980 000 $, pour une estimation fixée entre 400 000 et 600 000 $. Ainsi, l'artiste suscite l'intérêt de tous, collectionneurs et institutions culturelles40.

Dimensions: sans cadre : 30 cm x 40 cm
avec cadre 50 cm x 60 cm

Elle est signée en bas à droite et doit dater de dater des années 1950-1960.

Présentée sous verre


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