Albertus Magnus - Daraus man alle Heimligkeit deß Weiblichen geschlechts erkennen kann, deßgleichen von ihrer Geburt, - 1581






Spécialiste de la littérature de voyage et des rares imprimés avant 1600, 28 ans d'expérience.
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Description du livre : petit quarto (20 x 16 cm) : page de titre, 68 feuillets, [4].
Relié en vélin de manuscrit recyclé.
La page de titre, avec une coloration à la main contemporaine, représente Adam et Ève autour d’un squelette. Il y a 72 gravures sur bois de Jost Amman montrant des scènes d’accouchement, une chaise d’accouchement, différentes étapes du fœtus, ainsi que diverses plantes et animaux, et les points du corps recommandés pour la saignée.
Ceci est la toute première édition entièrement illustrée du livre d'Albertus Magnus. L'impression d'Augsbourg de 1494 ne comporte qu'une seule gravure sur bois ; l'édition parisienne contemporaine n'en possède aucune, bien qu'elle présente une page de titre attrayante. Sur le plan décoratif, cette copie listée, extrêmement rare, établit la norme 'picturale'.
Le livre est divisé en sections, dont la principale est consacrée à la gynécologie, à l'obstétrique et à la maïeutique. Il y a ensuite des sections et des passages sur « De virtitus herbarum », « De animalibus », « De mineralibus » et des textes sur l'eau de vie, la prévention de la peste, la saignée, et les plantes.
Condition : il existe de anciennes restaurations dans les marges des six premières pages et de la page 39. Le texte et les gravures sur bois ne sont pas affectés. J'ai vu deux exemplaires en ligne, chacun présentant des morceaux manquants dans les marges et/ou les coins. La copie de la bibliothèque d'État de Munich est gravement endommagée, et je me demande si le papier plutôt fin a rendu le livre vulnérable aux déchirures et aux pertes. On observe quelques traces de taches d'humidité, de rares trous de vers, et sur un plus grand trou de vers (2 cm) entre les pages 13 (la dernière page d'obstétrique et de sage-femme) et 32, affectant le texte. La reliure est usée. Mais pour un livre de son âge, c'est un objet très présentable.
L'édition de Francfort de 1581 de Daraus man alle Heimligkeit deß Weiblichen geschlechts erkennen kann — publiée par le prolifique imprimeur-éditeur Sigmund Feyerabend et attribuée au vénérable philosophe scolastique Albertus Magnus — demeure une relique captivante à la croisée de la philosophie naturelle médiévale et de la culture médicale vernaculaire de la première modernité. Bien que le texte s'inspire de sources médiévales et de la tradition de la littérature secreta mulierum, cette impression particulière reflète une sensibilité du XVIe siècle : une sensibilité de plus en plus préoccupée par l'observation empirique, le savoir artisanal et l'utilité pratique pour les sages-femmes et les guérisseurs domestiques.
Le titre lui-même promet beaucoup — « dont on peut apprendre tous les secrets du sexe féminin », avec des instructions sur la naissance, les médecines à base de plantes, les vertus des pierres et des animaux nobles, ainsi qu’un « régime éprouvé pour les choses mauvaises ». Ces éléments situent l’ouvrage dans un genre florissant qui combinait la philosophie naturelle érudite, la gynécologie pré-scientifique, les notions dévotionnelles de pureté et de danger, et des instructions pratiques en obstétrique. L’édition de 1581 est significative non seulement en tant que représentative de ce genre, mais aussi comme une empreinte de Feyerabend, ornée du type de gravures sur bois captivantes pour lesquelles son atelier était connu. Le résultat est un texte richement texturé qui mêle autorité scolastique, curiosité scientifique précoce et pédagogie visuelle — des qualités qui le rendent aujourd’hui à la fois fascinant sur le plan académique et très recherché par les collectionneurs.
A. Structure et contenu du livre
Bien que les éditions de ce texte varient dans leur organisation, l'impression de 1581 peut être largement divisée en trois sections thématiques.
Les secrets des femmes et la physiologie féminine
Cette partie introductive s'appuie sur des modèles de physiologie aristotéliciens et galéniques pour expliquer la nature des corps des femmes, leur anatomie reproductive, leurs cycles menstruels et leurs dispositions humoral. Ce faisant, le texte suit la tradition médiévale du De secretis mulierum, longtemps (bien que de manière fallacieuse) attribué à Albert le Grand, mais largement copié, traduit et recopié comme une pierre angulaire de la philosophie naturelle scolastique sur les femmes.
Contrairement aux traités strictement théoriques, cette édition ajoute cependant des observations et des conseils clairement destinés à un public non spécialiste impliqué dans les soins de reproduction, faisant le lien entre la médecine savante et la pratique populaire.
Instruction obstétricale et de sage-femme
Les orientations pratiques apparaissent de manière plus explicite dans la section obstétricale, qui traite de la conception, de la grossesse, de la croissance fœtale, de l’accouchement et de la récupération postnatale. La discussion va des signes de virilité et de fertilité aux méthodes d’induction du travail ou d’apaisement des accouchements difficiles. Le texte propose des remèdes issus d’herbes, de minéraux et de substances animales — s’inscrivant dans la pharmacologie de la première modernité.
Cette partie aurait servi aux sage-femmes littéraires, aux apothicaires et aux aidantes domestiques cherchant des conseils fiables à une époque où les médecins formellement formés étaient rarement présents lors des naissances et où les soins de reproduction féminine restaient largement l'apanage des femmes.
3. Matière Médicale et Vertus Naturelles
La dernière section traite des vertus curatives des plantes, des pierres précieuses et des animaux, reflétant l'impulsion encyclopédique médiévale visant à classer la nature selon ses propriétés occultes et ses affinités médicinales. Alors que les lecteurs modernes peuvent percevoir ce matériel à travers une lentille scientifique, il est essentiel de reconnaître le sérieux intellectuel avec lequel les lecteurs de l'époque moderne abordaient ces correspondances. On croyait que les pierres influençaient l'équilibre humoral ; que les parties d'animaux avaient une valeur symbolique et thérapeutique ; et que les herbes constituaient la base de la médecine pratique la plus courante.
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B. Obstétrique, xylographies et connaissances pratiques
La partie obstétrique de ce travail constitue sa contribution la plus historiquement significative. Contrairement aux textes médicaux universitaires — écrits en latin et destinés aux médecins masculins — ce manuel vernaculaire allemand s'adressait aux réalités vécues des sages-femmes et des praticiens laïcs naviguant dans l'accouchement sans soutien institutionnel.
Au cœur de cette section se trouvent les illustrations sur bois typiques de la presse de Feyerabend. Ces images — représentant des positions fœtales, l’appareil de la naissance et parfois l’anatomie de l’utérus — remplissaient bien plus qu’une fonction décorative. À une époque où les planches anatomiques standardisées n’étaient pas encore largement disponibles, les gravures populaires sur bois façonnaient la compréhension des processus corporels par le grand public. La nature stylisée de ces images doit être lue non comme une limitation scientifique, mais comme un langage visuel adapté aux besoins des artisans et des sages-femmes : clair, mnémotechnique et axé sur l’orientation pratique plutôt que sur la fidélité anatomique exacte. Notez la scène avec des sages-femmes, des assistants et un astrologue masculin sage, tous en train d’accomplir leur tâche.
Ces gravures occupent une place importante dans l'histoire de l'illustration obstétricale, précédant des gravures sur cuivre plus raffinées dans des traités ultérieurs de Jacob Rueff (1554, 1580) ou Eucharius Rösslin (dont le Rosengarten illustre la transition vers des manuels spécifiquement dédiés à la médecine obstétricale). Dans la tradition Albertine, les figures illustrent souvent la présentation fœtale et les étapes du travail, guidant les assistants dans la reconnaissance des naissances normales et dangereuses. Leur reproduction continue à travers les éditions suggère leur utilité perçue.
Avant la régulation formelle de la maïeutique, les femmes apprenaient leur métier par apprentissage et transmission orale. Cependant, les manuels imprimés complétaient de plus en plus ces connaissances, permettant aux sages-femmes illettrées — et aux femmes instruites assistant à l'accouchement domestique — d'élargir leur répertoire de techniques. Le livre ainsi fait le pont entre deux mondes épistémiques : le secret médiéval et la diffusion de l'époque moderne, la compétence orale et la culture de l'imprimé, la pratique populaire et la recherche proto-scientifique.
L'accent mis sur les remèdes « éprouvés » et les régimes rituels révèle également les frontières poreuses entre la médecine pratique et les protections spirituelles ou magiques. La salle d'accouchement de la période moderne précoce était un lieu d'autorités concurrentes — invocations religieuses, cataplasmes à base de plantes et ajustements humoraux pouvaient coexister sans contradiction. Posséder et consulter une œuvre comme celle-ci signifiait non seulement la littératie, mais aussi la participation à une économie de la connaissance de plus en plus accessible au-delà des universités et des monastères.
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C. Rareté, attrait illustratif et importance pour la collection
D'un point de vue bibliographique, cette édition possède plusieurs niveaux de désirabilité :
Impression précoce des connaissances médicales des femmes : en tant que manuel vernaculaire du XVIe siècle axé sur la physiologie féminine et l’accouchement, le livre marque une étape de transition dans l’édition médicale, lorsque la santé des femmes a commencé à recevoir une attention systématique imprimée.
La gravure sur bois très frappante représente une figure féminine stylisée avec l'abdomen ouvert pour révéler un utérus schématique et un fœtus, reflétant la théorie médicale de la Renaissance plutôt que le réalisme anatomique. La légende dans le livre d'Albertus Magnus est « Wie ein Kind in Mutterleib ernehret würde » (« Comment un enfant est nourri dans l'utérus »), et elle introduit une section sur la grossesse et le développement fœtal. La figure adopte une posture ornementale et allégorique mêlant symbolisme, esthétique classique et anatomie rudimentaire pour instruire les femmes, les sages-femmes et les médecins qui avaient un accès limité à la dissection humaine. Les organes sont simplifiés et idéalisés, mettant en avant l'utérus et la nutrition fœtale plutôt que les structures internes détaillées.
La gravure sur bois fait partie de la tradition de la littérature médicale pseudo-albertine et est apparue dans la culture de l'imprimé à travers plusieurs œuvres. Elle trouve ses racines dans l'iconographie popularisée pour la première fois dans des traités obstétriques précoces tels que De Conceptu et Generatione Hominis de Jakob Rueff (1580), puis réutilisée dans l'édition de Francfort de Magnus mentionnée ici.
Aujourd'hui, de telles œuvres attirent non seulement les collectionneurs traditionnels d'incunables et de textes médicaux anciens, mais aussi les institutions et les chercheurs étudiant le genre, l'incarnation, la science vernaculaire, l'histoire du livre et la circulation des connaissances pratiques dans l'Europe de l'époque moderne. À cet égard, la combinaison d'autorité textuelle, de richesse illustrative et de rareté matérielle de l'édition de 1581 en fait une acquisition captivante.
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Conclusion
Cette édition de 1581 à Francfort d'un traité attribué à Albertus Magnus illustre le moment où la scolastique médiévale rencontrait les forces démocratisantes de l'imprimerie, de la transmission en langue vernaculaire et de la pratique médicale domestique. Ses pages révèlent une Europe de l'époque moderne en train de négocier la connaissance — sur les femmes, la naissance et la nature — à travers l'héritage scolastique, la pédagogie artisanale et l'autorité de l'expérience observable. Le contenu obstétrical, soutenu par des gravures en bois frappantes et pédagogiques, positionne le volume comme un artefact essentiel dans le développement de la littérature en maïeutique. Pour le collectionneur, il offre non seulement rareté et résonance historique, mais aussi un témoignage vif de la fascination de l'époque pour la connaissance incarnée des femmes et de leur rôle dans la pratique médicale.
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Bibliographie sélectionnée
• Bosselmann-Cyran, Kristian : Secreta mulierum ‹ secrets des femmes › avec glossaire dans l'adaptation allemande de Johann Hartlieb. Textes et études. 1985 (Würzburger medizinhistorische Forschungen 36).
• Broomhall, Susan. Women’s Medical Work in Early Modern France. Manchester University Press, 2004.
• Cadden, Joan. Significations de la différence de sexe au Moyen Âge : médecine, science et culture. Cambridge University Press, 1993.
• Green, Monica H. La Trotula : une traduction anglaise du compendium médiéval de la médecine des femmes. University of Pennsylvania Press, 2001.
• King, Helen. Obstétrique, gynécologie et l'essor de la gynécologie : l'usage d'un compendium du XVIe siècle. Ashgate, 2007.
• Kruse, Britta-Juliane : « L'herbe est précieuse comme de l'or ». Recettes de femmes du Moyen Âge. Berlin/New York 1999.
Lemay, Helen : Secrets des femmes. Traduction de De Secretis Mulierum de Pseudo-Albertus Magnus avec commentaires. New York 1992.
• Oren-Margolis, Yael. « Secrets des femmes ». Dans L'Encyclopédie de la littérature médiévale en Grande-Bretagne, éditée par S. Echard et R. Rouse. Wiley, 2017.
• Røsand, Elisabeth. « Visualiser l'obstétrique dans l'Europe de l'époque moderne ». Histoire Médicale 62, n° 3 (2018) : 321–343.
• Schleissner, Margaret Rose : Pseudo-Albertus Magnus : Secrets des femmes avec commentaire, allemand : texte critique et commentaire. Thèse de doctorat. Université de Princeton 1987.
• Siraisi, Nancy G. Médecine médiévale et de la Renaissance précoce. University of Chicago Press, 1990.
• Wilson, Adrian. La fabrication de la sage-femme : l'accouchement en Angleterre, 1660–1770. Harvard University Press, 1995.
• Sherwood-Smith, Maria C., « Recherche ou préjugé, culture ou sciences naturelles ? Sur la question de l'hostilité envers les femmes dans les adaptations allemandes et néerlandaises du ‘Secreta mulierum’ de Pseudo-Albertus Magnu », dans Robertshaw et Gerhard Wolf (éds), Nature et culture dans la littérature allemande du Moyen Âge : Colloque d'Exeter 1997. Tübingen 1999 : 163–174.
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Description du livre : petit quarto (20 x 16 cm) : page de titre, 68 feuillets, [4].
Relié en vélin de manuscrit recyclé.
La page de titre, avec une coloration à la main contemporaine, représente Adam et Ève autour d’un squelette. Il y a 72 gravures sur bois de Jost Amman montrant des scènes d’accouchement, une chaise d’accouchement, différentes étapes du fœtus, ainsi que diverses plantes et animaux, et les points du corps recommandés pour la saignée.
Ceci est la toute première édition entièrement illustrée du livre d'Albertus Magnus. L'impression d'Augsbourg de 1494 ne comporte qu'une seule gravure sur bois ; l'édition parisienne contemporaine n'en possède aucune, bien qu'elle présente une page de titre attrayante. Sur le plan décoratif, cette copie listée, extrêmement rare, établit la norme 'picturale'.
Le livre est divisé en sections, dont la principale est consacrée à la gynécologie, à l'obstétrique et à la maïeutique. Il y a ensuite des sections et des passages sur « De virtitus herbarum », « De animalibus », « De mineralibus » et des textes sur l'eau de vie, la prévention de la peste, la saignée, et les plantes.
Condition : il existe de anciennes restaurations dans les marges des six premières pages et de la page 39. Le texte et les gravures sur bois ne sont pas affectés. J'ai vu deux exemplaires en ligne, chacun présentant des morceaux manquants dans les marges et/ou les coins. La copie de la bibliothèque d'État de Munich est gravement endommagée, et je me demande si le papier plutôt fin a rendu le livre vulnérable aux déchirures et aux pertes. On observe quelques traces de taches d'humidité, de rares trous de vers, et sur un plus grand trou de vers (2 cm) entre les pages 13 (la dernière page d'obstétrique et de sage-femme) et 32, affectant le texte. La reliure est usée. Mais pour un livre de son âge, c'est un objet très présentable.
L'édition de Francfort de 1581 de Daraus man alle Heimligkeit deß Weiblichen geschlechts erkennen kann — publiée par le prolifique imprimeur-éditeur Sigmund Feyerabend et attribuée au vénérable philosophe scolastique Albertus Magnus — demeure une relique captivante à la croisée de la philosophie naturelle médiévale et de la culture médicale vernaculaire de la première modernité. Bien que le texte s'inspire de sources médiévales et de la tradition de la littérature secreta mulierum, cette impression particulière reflète une sensibilité du XVIe siècle : une sensibilité de plus en plus préoccupée par l'observation empirique, le savoir artisanal et l'utilité pratique pour les sages-femmes et les guérisseurs domestiques.
Le titre lui-même promet beaucoup — « dont on peut apprendre tous les secrets du sexe féminin », avec des instructions sur la naissance, les médecines à base de plantes, les vertus des pierres et des animaux nobles, ainsi qu’un « régime éprouvé pour les choses mauvaises ». Ces éléments situent l’ouvrage dans un genre florissant qui combinait la philosophie naturelle érudite, la gynécologie pré-scientifique, les notions dévotionnelles de pureté et de danger, et des instructions pratiques en obstétrique. L’édition de 1581 est significative non seulement en tant que représentative de ce genre, mais aussi comme une empreinte de Feyerabend, ornée du type de gravures sur bois captivantes pour lesquelles son atelier était connu. Le résultat est un texte richement texturé qui mêle autorité scolastique, curiosité scientifique précoce et pédagogie visuelle — des qualités qui le rendent aujourd’hui à la fois fascinant sur le plan académique et très recherché par les collectionneurs.
A. Structure et contenu du livre
Bien que les éditions de ce texte varient dans leur organisation, l'impression de 1581 peut être largement divisée en trois sections thématiques.
Les secrets des femmes et la physiologie féminine
Cette partie introductive s'appuie sur des modèles de physiologie aristotéliciens et galéniques pour expliquer la nature des corps des femmes, leur anatomie reproductive, leurs cycles menstruels et leurs dispositions humoral. Ce faisant, le texte suit la tradition médiévale du De secretis mulierum, longtemps (bien que de manière fallacieuse) attribué à Albert le Grand, mais largement copié, traduit et recopié comme une pierre angulaire de la philosophie naturelle scolastique sur les femmes.
Contrairement aux traités strictement théoriques, cette édition ajoute cependant des observations et des conseils clairement destinés à un public non spécialiste impliqué dans les soins de reproduction, faisant le lien entre la médecine savante et la pratique populaire.
Instruction obstétricale et de sage-femme
Les orientations pratiques apparaissent de manière plus explicite dans la section obstétricale, qui traite de la conception, de la grossesse, de la croissance fœtale, de l’accouchement et de la récupération postnatale. La discussion va des signes de virilité et de fertilité aux méthodes d’induction du travail ou d’apaisement des accouchements difficiles. Le texte propose des remèdes issus d’herbes, de minéraux et de substances animales — s’inscrivant dans la pharmacologie de la première modernité.
Cette partie aurait servi aux sage-femmes littéraires, aux apothicaires et aux aidantes domestiques cherchant des conseils fiables à une époque où les médecins formellement formés étaient rarement présents lors des naissances et où les soins de reproduction féminine restaient largement l'apanage des femmes.
3. Matière Médicale et Vertus Naturelles
La dernière section traite des vertus curatives des plantes, des pierres précieuses et des animaux, reflétant l'impulsion encyclopédique médiévale visant à classer la nature selon ses propriétés occultes et ses affinités médicinales. Alors que les lecteurs modernes peuvent percevoir ce matériel à travers une lentille scientifique, il est essentiel de reconnaître le sérieux intellectuel avec lequel les lecteurs de l'époque moderne abordaient ces correspondances. On croyait que les pierres influençaient l'équilibre humoral ; que les parties d'animaux avaient une valeur symbolique et thérapeutique ; et que les herbes constituaient la base de la médecine pratique la plus courante.
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B. Obstétrique, xylographies et connaissances pratiques
La partie obstétrique de ce travail constitue sa contribution la plus historiquement significative. Contrairement aux textes médicaux universitaires — écrits en latin et destinés aux médecins masculins — ce manuel vernaculaire allemand s'adressait aux réalités vécues des sages-femmes et des praticiens laïcs naviguant dans l'accouchement sans soutien institutionnel.
Au cœur de cette section se trouvent les illustrations sur bois typiques de la presse de Feyerabend. Ces images — représentant des positions fœtales, l’appareil de la naissance et parfois l’anatomie de l’utérus — remplissaient bien plus qu’une fonction décorative. À une époque où les planches anatomiques standardisées n’étaient pas encore largement disponibles, les gravures populaires sur bois façonnaient la compréhension des processus corporels par le grand public. La nature stylisée de ces images doit être lue non comme une limitation scientifique, mais comme un langage visuel adapté aux besoins des artisans et des sages-femmes : clair, mnémotechnique et axé sur l’orientation pratique plutôt que sur la fidélité anatomique exacte. Notez la scène avec des sages-femmes, des assistants et un astrologue masculin sage, tous en train d’accomplir leur tâche.
Ces gravures occupent une place importante dans l'histoire de l'illustration obstétricale, précédant des gravures sur cuivre plus raffinées dans des traités ultérieurs de Jacob Rueff (1554, 1580) ou Eucharius Rösslin (dont le Rosengarten illustre la transition vers des manuels spécifiquement dédiés à la médecine obstétricale). Dans la tradition Albertine, les figures illustrent souvent la présentation fœtale et les étapes du travail, guidant les assistants dans la reconnaissance des naissances normales et dangereuses. Leur reproduction continue à travers les éditions suggère leur utilité perçue.
Avant la régulation formelle de la maïeutique, les femmes apprenaient leur métier par apprentissage et transmission orale. Cependant, les manuels imprimés complétaient de plus en plus ces connaissances, permettant aux sages-femmes illettrées — et aux femmes instruites assistant à l'accouchement domestique — d'élargir leur répertoire de techniques. Le livre ainsi fait le pont entre deux mondes épistémiques : le secret médiéval et la diffusion de l'époque moderne, la compétence orale et la culture de l'imprimé, la pratique populaire et la recherche proto-scientifique.
L'accent mis sur les remèdes « éprouvés » et les régimes rituels révèle également les frontières poreuses entre la médecine pratique et les protections spirituelles ou magiques. La salle d'accouchement de la période moderne précoce était un lieu d'autorités concurrentes — invocations religieuses, cataplasmes à base de plantes et ajustements humoraux pouvaient coexister sans contradiction. Posséder et consulter une œuvre comme celle-ci signifiait non seulement la littératie, mais aussi la participation à une économie de la connaissance de plus en plus accessible au-delà des universités et des monastères.
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C. Rareté, attrait illustratif et importance pour la collection
D'un point de vue bibliographique, cette édition possède plusieurs niveaux de désirabilité :
Impression précoce des connaissances médicales des femmes : en tant que manuel vernaculaire du XVIe siècle axé sur la physiologie féminine et l’accouchement, le livre marque une étape de transition dans l’édition médicale, lorsque la santé des femmes a commencé à recevoir une attention systématique imprimée.
La gravure sur bois très frappante représente une figure féminine stylisée avec l'abdomen ouvert pour révéler un utérus schématique et un fœtus, reflétant la théorie médicale de la Renaissance plutôt que le réalisme anatomique. La légende dans le livre d'Albertus Magnus est « Wie ein Kind in Mutterleib ernehret würde » (« Comment un enfant est nourri dans l'utérus »), et elle introduit une section sur la grossesse et le développement fœtal. La figure adopte une posture ornementale et allégorique mêlant symbolisme, esthétique classique et anatomie rudimentaire pour instruire les femmes, les sages-femmes et les médecins qui avaient un accès limité à la dissection humaine. Les organes sont simplifiés et idéalisés, mettant en avant l'utérus et la nutrition fœtale plutôt que les structures internes détaillées.
La gravure sur bois fait partie de la tradition de la littérature médicale pseudo-albertine et est apparue dans la culture de l'imprimé à travers plusieurs œuvres. Elle trouve ses racines dans l'iconographie popularisée pour la première fois dans des traités obstétriques précoces tels que De Conceptu et Generatione Hominis de Jakob Rueff (1580), puis réutilisée dans l'édition de Francfort de Magnus mentionnée ici.
Aujourd'hui, de telles œuvres attirent non seulement les collectionneurs traditionnels d'incunables et de textes médicaux anciens, mais aussi les institutions et les chercheurs étudiant le genre, l'incarnation, la science vernaculaire, l'histoire du livre et la circulation des connaissances pratiques dans l'Europe de l'époque moderne. À cet égard, la combinaison d'autorité textuelle, de richesse illustrative et de rareté matérielle de l'édition de 1581 en fait une acquisition captivante.
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Conclusion
Cette édition de 1581 à Francfort d'un traité attribué à Albertus Magnus illustre le moment où la scolastique médiévale rencontrait les forces démocratisantes de l'imprimerie, de la transmission en langue vernaculaire et de la pratique médicale domestique. Ses pages révèlent une Europe de l'époque moderne en train de négocier la connaissance — sur les femmes, la naissance et la nature — à travers l'héritage scolastique, la pédagogie artisanale et l'autorité de l'expérience observable. Le contenu obstétrical, soutenu par des gravures en bois frappantes et pédagogiques, positionne le volume comme un artefact essentiel dans le développement de la littérature en maïeutique. Pour le collectionneur, il offre non seulement rareté et résonance historique, mais aussi un témoignage vif de la fascination de l'époque pour la connaissance incarnée des femmes et de leur rôle dans la pratique médicale.
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Bibliographie sélectionnée
• Bosselmann-Cyran, Kristian : Secreta mulierum ‹ secrets des femmes › avec glossaire dans l'adaptation allemande de Johann Hartlieb. Textes et études. 1985 (Würzburger medizinhistorische Forschungen 36).
• Broomhall, Susan. Women’s Medical Work in Early Modern France. Manchester University Press, 2004.
• Cadden, Joan. Significations de la différence de sexe au Moyen Âge : médecine, science et culture. Cambridge University Press, 1993.
• Green, Monica H. La Trotula : une traduction anglaise du compendium médiéval de la médecine des femmes. University of Pennsylvania Press, 2001.
• King, Helen. Obstétrique, gynécologie et l'essor de la gynécologie : l'usage d'un compendium du XVIe siècle. Ashgate, 2007.
• Kruse, Britta-Juliane : « L'herbe est précieuse comme de l'or ». Recettes de femmes du Moyen Âge. Berlin/New York 1999.
Lemay, Helen : Secrets des femmes. Traduction de De Secretis Mulierum de Pseudo-Albertus Magnus avec commentaires. New York 1992.
• Oren-Margolis, Yael. « Secrets des femmes ». Dans L'Encyclopédie de la littérature médiévale en Grande-Bretagne, éditée par S. Echard et R. Rouse. Wiley, 2017.
• Røsand, Elisabeth. « Visualiser l'obstétrique dans l'Europe de l'époque moderne ». Histoire Médicale 62, n° 3 (2018) : 321–343.
• Schleissner, Margaret Rose : Pseudo-Albertus Magnus : Secrets des femmes avec commentaire, allemand : texte critique et commentaire. Thèse de doctorat. Université de Princeton 1987.
• Siraisi, Nancy G. Médecine médiévale et de la Renaissance précoce. University of Chicago Press, 1990.
• Wilson, Adrian. La fabrication de la sage-femme : l'accouchement en Angleterre, 1660–1770. Harvard University Press, 1995.
• Sherwood-Smith, Maria C., « Recherche ou préjugé, culture ou sciences naturelles ? Sur la question de l'hostilité envers les femmes dans les adaptations allemandes et néerlandaises du ‘Secreta mulierum’ de Pseudo-Albertus Magnu », dans Robertshaw et Gerhard Wolf (éds), Nature et culture dans la littérature allemande du Moyen Âge : Colloque d'Exeter 1997. Tübingen 1999 : 163–174.
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