Alexander Gronsky - [02-24-2022] Moscow suburbs - 2022

Épuisé chez l'éditeur, hors de commerce.
Fortement limité à 450.

Neuf, encore emballé à l'origine dans le papier de l'éditeur.
Parfait !

Dans ce livre splendide et rare [02-24-2022], comme dans Pastoral, Alexander Gronsky capture la banlieue de Moscou, la zone intermédiaire qui existe entre la métropole — la capitale russe Moscou — et la nature, qui a déjà disparu. Ce n’est ni la ville ni la campagne. C’est une série de vues de la banlieue, souvent prises de loin : depuis des terres désolées et incultes, des décharges, du no man’s land qui entoure la ville. Le paysage tend à rester séparé de l’observateur, empêchant son entrée. Le fait que la scène reste si distante est souvent lié à sa capacité à montrer au spectateur une complétude esthétique qui est complète en soi, à avoir sa propre forme.

L'artiste choisit soigneusement le point de vue, équilibre la composition, calcule méticuleusement chaque détail et harmonise astucieusement la gamme de couleurs, en évitant autant que possible les contrastes chromatiques superflus qui ne s'intégreraient pas bien avec le reste. Rien dans ces images n'est laissé au hasard ou improvisé. Les choses peuvent être laides et sans forme, mais les scènes, en termes d'esthétique classique, sont extrêmement belles. Dans les vues de Gronsky, le moment de la journée et la phase historique sont indéfinis. La désolation des espaces marque cette indéfinition. Si la vie y pousse, ici, en dehors de la ville, pourquoi les bâtiments sont-ils si vides, comme si la population les avait déjà abandonnés ? S'agit-il d'une fin ou d'un début ?

La perfection froide de son œuvre semblerait suggérer une vision similaire du monde par Gronsky, d'autant plus que les personnes dans ses photographies sont de minuscules figures qui émergent difficilement du paysage, sans aucune pertinence indépendante. Cette « soustraction de l'humain », l'évanescence du sujet, l'anonymat de la vision sont liés à la disparition de l'« objet », à la perte d'une orientation intentionnelle du regard. Et c'est là que réside le paradoxe des photographies de Gronsky. En éliminant les objets, la vision entre spontanément et de manière exceptionnellement intense en relation avec le monde dans toute son indéfinition et sa plénitude. L'œuvre consiste en une série de vues fascinantes où il y a pratiquement rien à voir. Malgré leur concrétude illusoire, les photographies de Gronsky relèvent bien plus du plan de la pure vision, de l'apparition, que de celui de la matérialité des objets présentés. Et c'est là leur contemporanéité et leur force indiscutables.

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