Gandhara Stuc Tête d'un Bodhisattva. IIe-IVe siècle après J.-C. Hauteur : 31,5 cm. Licence d'importation

Tête d'un Bodhisattva

Gandhara, IIe-IVe siècle après J.-C.

Stucco.

hauteur de 31,5 cm.

PROVENANCE:

Fortuna Fine Arts, New York.
Collection privée, New York, États-Unis. Acquis de ce qui précède.

État : bon état de conservation. Aucune restauration.

DESCRIPTION :

Tête plus grande que nature, moulée en stuc presque en ronde-boue, avec l'arrière inachevé, indiquant qu'elle aurait initialement fait partie d'un haut-relief. Le stuc était, avec la pierre, le matériau préféré des artistes de Gandhara, en raison de sa grande plasticité, permettant un niveau élevé d'expressivité et de détails. Elle représente un jeune homme en tenue princière, avec des cheveux bouclés tombant de chaque côté du visage et un couvre-chef en textile décoré de guilloches ajourées et d'une rosette sur sa tempe gauche. Il s'agit de la représentation d'un bodhisattva, un terme qui, dans le bouddhisme mahayana, désigne ceux qui ont choisi la voie de l'Éveil pour le bénéfice de tous les êtres vivants. Les bodhisattvas sont généralement représentés avec les vêtements et les ornements des princes contemporains, dans ce cas de l'Empire Kushan (fig. 1). Son iconographie inclut cependant les fameux lakshana, symboles évoquant sa nature éclairée : les paupières mi-clos représentent la concentration spirituelle et aussi la pureté, par leur ressemblance avec les pétales de lotus, et le visage serein avec un sourire esquissé est un symbole de l'équilibre et de la sérénité d'un être parfait. Les lobes d'oreilles allongés font référence aux grandes boucles d'oreilles portées par les membres des classes supérieures en Inde à l'époque de Sakyamuni (le Bouddha historique), et symbolisent la grandeur, la noblesse et la sagesse. Cette tête, initialement polychrome, comprenait probablement d'autres éléments iconographiques, comme le point entre les sourcils d'où émane la lumière de la sagesse qui illumine tous les êtres (fig. 2).

L'iconographie est donc clairement bouddhiste, mais une influence hellénistique grecque se manifeste à la fois dans le langage sculptural, d'un réalisme idéalisé, et dans certaines conventions telles que l'inclinaison élégante de la tête et le travail doux des volumes du visage. Les détails qui ornent le couvre-chef sont également clairement d'influence gréco-latine, notamment la guilloche, un élément directement emprunté au répertoire ornemental romain.

La région historique du Gandhara, correspondant au sud-est de l'Afghanistan actuel, au centre et au nord du Pakistan, ainsi qu’au nord-ouest de l’Inde, était une satrapie de l’Empire perse achéménide du VIe siècle av. J.-C. jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand en 326 av. J.-C. Cependant, seulement deux ans plus tard, elle fut annexée à l’Empire maurya, dont l’empereur Ashoka le Grand (304-232 av. J.-C.) introduisit le bouddhisme dans la région. Vers 184 av. J.-C., le Gandhara passa sous contrôle grec sous le règne du roi Démétrius, souverain de la Bactrie voisine ; à partir de ce moment-là, et jusqu’en 10 ap. J.-C., des rois hellénistiques se succédèrent dans la région, bien que le bouddhisme reste la religion dominante. Cette période indo-grecque prit fin avec la conquête du Gandhara par l’Empire kushan (1er-3e siècle ap. J.-C.), dont les souverains adoptèrent néanmoins de nombreux éléments de la culture hellénistique, y compris l’alphabet grec.

Ces circonstances historiques ont déterminé le développement de l'art gréco-bouddhique à Gandhara, un syncrétisme entre la culture grecque et le bouddhisme. L'influence de la sculpture hellénistique, qui représentait les dieux sous forme humaine, avec un réalisme idéalisé et un goût accru pour le détail, a conduit à la création des premières représentations du Bouddha Gautama. Les plus anciennes images dévotionnelles du Bouddha connues ont été réalisées à Gandhara entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C., marquant la fin de l'aniconisme qui caractérisait l'art bouddhique primitif. Bientôt, non seulement le Bouddha historique, mais aussi les autres figures du panthéon bouddhique, seraient représentés sous forme humaine, créant une iconographie figurative complète qui soutiendrait l'expansion du bouddhisme à travers l'Asie de l'Est. L'art gréco-bouddhique de Gandhara prit fin au VIIe siècle après deux cents ans de domination des Huns blancs, de religion hindoue, qui exercèrent une répression importante sur la culture bouddhique, entraînant finalement sa disparition dans la région.

Bibliographie

- BANERJEE, G.N. Hellenisme dans l'Inde ancienne. Butterworth & Co. 1920. - BOARDMAN, J. La diffusion de l'art classique dans l'Antiquité. Princeton University Press. 1994. - HALLADE, M. L'art gandharien du Nord de l'Inde et le Graeco-Bouddhisme. Harry N. Abrams. 1968. - MARSHALL, J. L'art bouddhiste de Gandhara. Cambridge University Press. 1960. - ODANI, N. L'art gandharien et la dynastie kushane. Kyoto. 1996. - STONEMAN, R. L'expérience grecque de l'Inde. Princeton University Press. 2019.

PARALLELES

Fig. 1 Tête d’un bodhisattva. Gandhara, Ve siècle après J.-C. Stucco, hauteur de 50,2 cm. Metropolitan Museum, New York, inv. 1977.191.

Fig. 2 Tête de Bodhisattva. Gandhara, ff. IV-V ap. J.-C. Stuc polychrome, hauteur 15,94 cm. British Museum, Londres, inv. 1962,0421.2.







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