Lehnert et Landrock se rencontrent en Suisse en 1904 : ils parlent d'Orient. Lehnert vient de découvrir la Tunisie qu'il a photographiée avec enthousiasme. Les deux nouveaux amis décident de s'y établir et d'unir leurs noms en une raison sociale à Tunis. Landrock s'occupe de la gestion, Lehnert de la prise de vue. Les affaires sont bonnes, car l'Occident est en mal d'exotisme, rêve de fleurs de harem encore recluses et du pays des mirages, réclame des photographies de types et de sites. Lehnert & Landrock, s'ils sacrifient à la mode, n'ont pas les préjugés coloniaux. La femme, le jardin (l'oasis), le désert, leurs thèmes permanents, sont aussi les trois constantes de la poésie arabe. Les images qu'ils réalisent et diffusent obéissent toutes à une grande exigence formelle et à une maîtrise souveraine de la lumière.